Une croisière hors-du-commun à bord de Normandie

Normandie, qui vient de célébrer ses 25 ans de service sur la ligne Ouistreham - Portsmouth, est l'un des deux navires affectée à la populaire ligne de Brittany Ferries. Malgré ses trois traversées quotidiennes, effectuées avec la régularité d'une montre suisse, Normandie reste l'un des navires parmi les plus appréciés de la flotte.

Cherchant à faire quelque chose de relaxant durant un week-end du milieu du mois d’Août, nous décidâmes tardivement de réaliser une croisière avec Brittany Ferries. Cela devait également être l’occasion de naviguer à bord d’un navire à qui nous n’avions pas accordé l’attention qu’il mérite lors de notre première traversée à son bord, Normandie.

Reportage et photos par Antoine et Benjamin H.

Nous arrivâmes à Portsmouth en provenance de Saint-Malo le samedi soir après une nouvelle croisière très relaxante à bord de Bretagne. Peu de temps après notre arrivée, nous nous rendîmes à Gosport pour pouvoir assister à l’arrivée à Portsmouth de notre navire du lendemain. Cependant, Etretat arriva avant Normandie cette nuit-là, en avance sur son horaire. Mais finalement, Normandie passa le quartier des gardes-côtes, illuminant de sa majestueuse figure le port militaire du Hampshire.

Après une nuit passée à rêver de Normandie, nous arrivâmes le lendemain au terminal ferries continental de Portsmouth à 13h30 afin de passer les formalités d’embarquement. Comme Normandie sait se faire désirer, il arriva légèrement en retard à quai. Cela signifiait cependant que les équipes de nettoyage devraient être très rapides pour préparer le ferry pour pouvoir appareiller aussi tôt que possible.

 

Le débarquement fut très rapide, et notre voiture fut rapidement garée dans le vaste et utilitaire garage de Normandie.

Peu de temps après notre arrivée, il était déjà l’heure de lever l’ancre. Grâce à l’invitation du commandant De Saint-Pierre, nous nous rendîmes en passerelle pour assister à l’appareillage. Lorsque nous y arrivâmes, le commandant était déjà en train de donner ses ordres au matelot à la barre de Normandie. Délicatement, le navire se dirigea dans le chenal de Portsmouth, fin prêt à accueillir la semaine suivante un nouveau venu, le HMS Queen Elisabeth.

Tout au long de la manœuvre, le commandant donne des azimuts (178. La barre à 30° à droite) à son matelot, qui oriente alors le navire vers ces directions en lui confirmant l’exécution des ordres.

Lorsque nous eûmes quitté le chenal, le commandant demanda à l’élève officier de nous faire visiter la salle des machines. Alors que nous nous dirigions vers le pont 02, nous fîmes un détour par la galley (cuisine d’un navire) où les cuisiniers étaient déjà en train de préparer le repas du soir, qui ne serait pas servi avant 20:00 GMT. La galley de Normandie est située au milieu du navire sur le flanc tribord du pont 08 ; restaurants self-service et à la carte étant situés respectivement à l’avant et à l’arrière du même pont.

À bord de Normandie, la nourriture, conditionnée en containers, est livrée directement à la galley lors des escales à Ouistreham. En effet, Normandie dispose d’une grue pouvant être déployée sur les deux flancs du navire, permettant aux conteneurs d’être directement montés du quai à la galley. Cela permet aux cuisiniers d’avoir un accès direct aux salles de stockage lorsqu’ils préparent les repas.

À l’arrière de la Normandie est situé un ascenseur réservé au personnel qui donne un accès direct au pont 2. Alors que nous descendions, nous entendîmes ainsi graduellement un ronronnement familier. Et ainsi, lorsque les portes s’ouvrirent, nous arrivâmes directement à proximité des moteurs auxiliaires.

Nous allâmes directement à la salle de contrôle des machines où nous fûmes accueillis par 5 des mécaniciens, incluant le chef-mécanicien. Cette salle est entourée par d’imposantes armoires électriques chargées de dispatcher toute l’électricité produite à bord vers les différents consommateurs de cette énergie (allant des instruments de navigation aux éclairages des parties publiques). Le centre de cette pièce est occupée par le panneau de contrôle des moteurs, qui présente quelques écrans d’ordinateur, plusieurs cadrans et un grand nombre de boutons poussoirs.

Le chef-mécanicien nous présenta courtoisement les écrans depuis lesquels il contrôle l’ensemble de la propulsion du navire, tout en nous donnant quelques informations sur son navire.

Avec Barfleur, Normandie fut l'un des tous premiers ferries à bénéficier d'une automatisation partielle de son fonctionnement. Ainsi, alors que dans des navires comme Bretagne, il est impossible de régler le flux de ses diverses vannes sans se rendre dans la salle des machines elle-même ; une grande partie de ses tâches peut s'effectuer informatiquement à bord de Normandie.

Panneau de contrôle électrique de Normandie
Panneau de contrôle électrique de Normandie

Nous fûmes par la suite emmenés pour un tour de la salle des machines, qui anime Normandie depuis 25 ans en n'ayant que très peu failli. Quatre moteurs sont dédiés à la propulsion du navire, 3 autres étant dédiés à la production électrique. Sur des navires plus modernes ces moteurs auxiliaires ne sont utilisés que lors de pics de consommation (principalement à l’appareillage lorsque les propulseurs d’étraves sont activés), dans la mesure où les moteurs principaux y sont directement couplés avec des alternateurs en sus des hélices.

Cette partie du navire est assez petite et encombrée, et de nombreux escaliers marquent la présence de plusieurs sous-niveaux. En effet, de très nombreux composants doivent être logés dans cette salle pour permettre le bon fonctionnement du navire. Récemment, l’équipe technique de Brittany Ferries dut d’ailleurs trouver de l’espace supplémentaire pour pouvoir installer les pompes du système de scrubbers.

Ces scrubbers sont en effet nécessaires pour pouvoir filtrer les fumées du navire afin de répondre aux dernières régulations portant sur les émissions de gaz. Normandie est équipé de scrubbers ouverts, ce qui signifie que l’eau utilisée pour nettoyer les fumées est rejetée directement à la mer sans traitement aucun. Cependant, cette technologie simple et moins onéreuse que des scrubbers fermés assure la bonne fiabilité du système.

Ayant terminé notre visite des parties privées du navire, nous retournâmes dans ses parties publiques.

Normandie dispose de très vastes ponts extérieurs, offrant de nombreuses possibilités pour profiter du grand air. En effet, l’air marin est très bénéfique pour la santé, dans la mesure où il est très iodé. Il est de fait très bénéfiques dans la lutte contre le stress. De fait, il n’y a rien de mieux qu’une croisière durant le week end pour se sentir bien durant les semaines suivantes.

Les ponts extérieurs de Normandie sont plus vastes que ceux de Bretagne, tout en proposant davantage de chaises pour pouvoir profiter. Cependant, au contraire de son illustre prédécesseur, le pont extérieur avant de Normandie n'est pas ouvert au public.

Les ponts extérieurs situés à la poupe de Normandie offrent une vue splendide quelque soit sa position, leur design donnant l’illusion de voler au-dessus de l’eau. Enfin, il est possible d’accéder au pont supérieur de Normandie, qui propose une vue sur l’horizon à 360°.

Les conditions météorologique du jour étaient absolument incroyables. En effet, il n’y avait pas la moindre vague sur l’océan, et très peu de nuages dans le ciel. On pouvait avoir l’impression de se situer aux portes du paradis, au milieu de nulle part. Nous passâmes ainsi beaucoup de temps à profiter depuis l’extérieur de ce magnifique jour ensoleillé.

De surcroît, cette ambiance inhabituelle et idyllique fut rendue encore plus magique grâce à un groupe de musique qui partagea ses notes de cornemuses depuis le pont arrière. Il me fit penser à l’orchestre du Titanic, alors même qu’il n’y avait aucun iceberg dans les miles nautiques avoisinant.

Dans la mesure où deux navires naviguent quotidiennement sur la ligne Ouistreham - Portsmouth, et qu’ils partent de leurs ports respectifs à peu près en même temps, ils se croisent à mi-traversée, à une plus ou moins grande distance l’un de l’autre. De plus en après-midi, Etretat peut également être vu sur l’horizon alors qu’il croise vers Portsmouth depuis Le Havre. Grâce aux conditions idylliques de ce jour, nous fûmes en mesure de les voir très nettement alors qu’ils passèrent assez loin de Normandie. Là encore, les voir naviguer au loin dans de telles conditions fut absolument magique.

Lorsqu’il s’agit des espaces intérieurs de Normandie, leur décoration harmonieuse et toujours aussi soignée ne trahissent pas un seul instant l'âge de ce splendide navire. Les différents ponts sont organisés autour de l’escalier central, qui naît en face du bureau d’information du pont 7, où des hôtes.ses. extrêmement serviables sont présents pour assister les passagers. Les cabines de Normandie sont principalement situées sur les flancs des ponts 5 et 6, c’est-à-dire au même pont que le garage. Toutefois, d’autres cabines sont également situées au pont 7, dont les cabines Commodore.

Comme Normandie est avant tout un ferry de jour, il ne dispose pas d’un grand nombre de cabines. À l’inverse, il dispose de très nombreux sièges réservables, organisés en cinq salons situés à l’avant du pont 7. Ces cinq salons disposent des mêmes sièges inclinables (alors que sur la plupart des ferries les passagers doivent payer un supplément pour pouvoir en bénéficier), habillés du même magnifique tissu imitant un tartan écossais.

C’est au milieu du même pont qu’est situé la vaste boutique, dans laquelle sont regroupés tous les articles vendus à bord, exception faîte de la presse. Ses portes ouvrent directement sur l’escalier central.

La boutique est entourée par un large et calme couloir, qui propose de nombreux sièges pour les passagers souhaitant lire un livre, jouer à un jeu de société ou tout simplement se reposer. En complément, d’autres sièges sont situés autour de l’escalier central, permettant aux passagers de Normandie de disposer d’un large choix d’emplacements où ils peuvent profiter de leur croisière.

Le pont 9 est principalement occupé par le bar principal du navire, qui dispose de deux comptoirs. L’un est dédié au snack, appelé Le Pays d’Auge qui propose une sélection de produits assez large (dont des pizzas assez prisées), le second au bar, nommé Le Derby lui-même. Aux deux comptoirs sont présents plusieurs serveurs, tous aussi serviables les uns que les autres, à l’image de l’ensemble de l’équipage. De surcroît, le bar Le Derby, où des divertissements en direct peuvent être proposés, dispose de nombreux sièges pour les passagers. Grâce à sa localisation et à la présence de vitres tout du long de son pourtour, le bar offre une vision dégagée sur l’horizon à tous les passagers. Enfin, c’est par le bar qu’il est possible d’accéder au kiosque.

C’est au pont en-dessous, le 8, que sont situés le self-service et le restaurant à la carte de Normandie.

Le restaurant self service Le Riva Bella (en référence au nom complet de Ouistreham) propose un vaste choix de produits, tous préparés soigneusement à bord. Le restaurant à la carte, appelé Le Deauville, de taille restreinte par rapport à ses homologues à bord de Bretagne et de Pont-Aven (construits pour des traversées plus longues), propose tout de même le célèbre buffet de la compagnie. Ce dernier offre un large choix de produits délicieux, colorés et originaux. Mon choix fut faîte fait, et je choisis d’aller au buffet, tandis que mon collègue adopta le restaurant self-service.

À une époque, Le Deauville s'étendait sur la plage arrière du Normandie, permettant aux convives de déguster leurs plats en plein air marin.

Depuis quelques années, Brittany Ferries propose à ses clients la possibilité de choisir entre le copieux menu buffet (option qui n'existait pas auparavant), et un mix entre buffet et plat mijoté avec soin dans la Galley. Cela permet ainsi d'offrir un choix encore plus vaste aux passagers de Normandie. En addition à cela, le buffet existe également pour les déserts, tous préparés à bord.

Au final, mon plus gros problème avec le buffet est que je suis incapable de faire mon choix entre les appétissants mets qu'il proposé... faisant que j'aime me constituer de grandes assiettes constituées d'un petit peu tout !

Lorsque nous eûmes terminé de manger dans notre restaurant français préféré, nous nous rendîmes à l’extérieur pour contempler le coucher de soleil.

Nous étions déjà capables de voir sur l’horizon les côtes normandes, ce qui signifiait cependant que notre arrivée à Ouistreham - Riva Bella était imminente. Grâce à l’invitation du commandant, nous pûmes rendre en passerelle pour assister à l’arrivée.

Le commandant de Saint-Pierre avait laissé, sous sa surveillance constante, la responsabilité de l’accostage à un autre officier. En effet, les commandants sont responsables de la formation de leurs officiers pour leur permettre de postuler pour des positions supérieures dans la hiérarchie. Ainsi, la plupart des commandants actuels de Brittany Ferries sont entrés dans la compagnie en bas de l’échelle hiérarchique, avant d’être formés à la conduite d’un navire sous leur propre responsabilité.

Lorsque le navire fut assez proche de la jetée, l’officier reprit au matelot à qui il donnait ses instructions la barre du navire, et se rendit dans les ailes de la passerelle pour avoir une vue plus claire sur la jetée. Il dirigea alors la proue de Normandie vers une rivière située à côté de l’écluse de Ouistreham, du côté opposé du quai ; afin d’être aidé par le courant dans la réalisation de son demi-tour. En effet, si Normandie avait positionné directement sa proue sur la rampe RoRo, il aurait été bloqué par ce même courant au milieu du chenal.

Régulièrement, les officiers chargés de l’amarrage rapportent à la passerelle la distance restante entre la proue du navire et le quai, impossible à évaluer depuis la passerelle. Bien que la place dans le port de Ouistreham semble être limitée, Normandie est loin d’en occuper la totalité lorsqu’il tourne, ce qui signifie qu’Honfleur, faisant 20 m de plus et qui sera équipé de propulseurs de poupe pour accroître sa maniabilité ne devrait pas avoir de problèmes pour y accoster lorsqu’il sera mis en service.

Après une manœuvre faîte tout en douceur, le navire était en place pour pouvoir ouvrir sa porte d’étrave afin de libérer les véhicules ayant navigué sur cette traversée idyllique garage pour leur permettre de retrouver la terre ferme. Il était de fait temps pour nous de quitter la passerelle et par extension ce magnifique navire, l’un des meilleurs de la flotte.

 

 

Tout au long de cette traversée, nous avons été très agréablement surpris par la modernité que reflète encore Normandie, après 25 ans de service intense sur la Manche. Alors même qu'il est conçu comme un navire de jour, il propose un niveau de prestation très élevé, ayant fait la réputation de Brittany Ferries. Il n'a ainsi rien à envier aux navires amiraux de la flotte. Ainsi en témoigne cette superbe croisière qui nous laissera d’agréables souvenirs. Normandie est l’un des meilleurs navires de la flotte, notamment grâce au professionnalisme de son équipage. Nous attendons déjà avec impatience la prochaine occasion pour pouvoir monter à bord...

 

Nous souhaitons remercier chaleureusement le commandant De Saint-Pierre, les officiers, le commissaire et l’équipage de Normandie pour leur excellent accueil à bord et leur professionnalisme durant cette traversée. Nous tenons également à remercier le service communication de Brittany Ferries pour son aide dans la réalisation de ce reportage.